Oscar et Joséphine (FR)

Paris, vendredi 5 février 2016

Joséphine est encore endormie pour quelques minutes, dernières minutes de sa vie telle qu’elle l’a toujours connue…

Joséphine tend la main pour éteindre le petit réveil blanc qui vient tout juste de sonner, à 6 heures 45, comme tous les jours de la semaine. Elle se donne encore un peu de temps avant de se lever : c’est d’ailleurs bien pour cela que le réveil ne sonne pas à 7 heures. Grâce à la lumière qui perce à travers les volets, elle peut apprécier avec satisfaction l’ordre parfait qui règne dans sa chambre. Depuis son lit, elle voit le petit bureau blanc Ikea où elle range tous ses documents importants dans des chemises de couleurs différentes. Elle note avec amusement que c’est la seule touche colorée de la pièce. Pas de tableaux aux murs : à quoi cela servirait-il de toute façon ? pense-t-elle. Son armoire gris clair est fermée, mais elle se dit avec amusement que de toute façon comme sa garde robe est entièrement grise…

  • J’adore cette harmonie parfaite des couleurs, dit-elle tout haut pour elle-même, et puis aussi toutes ces nuances de gris, finalement peu de personnes en voient la subtilité.

Elle se leve doucement et traverse le petit salon, tout aussi gris et blanc que sa chambre. Elle arrive dans la cuisine : il est vrai, toute blanche, mais comment pourrait-il en être autrement pour une cuisine ? pense Joséphine. Elle se prépare un thé vert et quelques tartines de pain. Elle prend un nouveau pot de confiture et note mentalement qu’elle doit en racheter : il n’en reste que deux bien alignés dans le placard et d’habitude elle en garde toujours trois d’avance, au cas où.

Elle a préparé la veille au soir, avant de se coucher, les affaires qu’elle portera aujourd’hui et qui sont pendues sur un cintre.

Une fois prête, elle ouvre son armoire pour se regarder dans la grande glace plaquée contre la porte. « Total look gris » diraient ses jeunes collègues. Chemisier gris clair et longue jupe gris foncé. Des chaussures aux cheveux, tout est gris. A presque 50 ans, ses cheveux ont abandonné la bataille depuis de nombreuses années : gris eux aussi.

  • Si maintenant même les comptables deviennent excentriques, ou va-t-on ? dit-elle tout haut, mais mes petits collègues me semblent mal partis, dire que parfois, ils viennent même en jeans… vraiment, dit-elle en haussant les épaules et levant les yeux au ciel.

Elle est sortie de ses réflexions par la sonnerie du téléphone.

  • Bonjour Joséphine, c’est papa.

  • Bonjour papa, comment vas-tu ?

  • Bien merci, je téléphonais pour…

  • Oui, oui, je sais, comme tous les jours, dit-elle avec une pointe d’agacement, pour savoir si je suis prête à partir au bureau.

  • Exactement ma puce, il est 8 heures, d’ailleurs je ne te retiens pas ou tu seras en retard.

  • Merci papa, j’y vais, je t’appelle à la pause déjeuner.

  • Oui, ma fille, bonne journée.

Elle prend rapidement ses affaires, posée près de la porte d’entrée, et claque la porte de son appartement. Soudain, pendant quelques secondes, une angoisse sourde l’étreint, lui compresse la poitrine, l’empêche presque de respirer. Elle chasse les pensées noires qui l’assaillent et descend les escaliers, l’air frais va lui faire du bien, se dit-elle.

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